Journée particulière pour les travailleurs, cadres ou non cadres que ce 1er mai d’entre deux tours. L’usage syndical est bien-sûr de ne pas prendre part au sujet politique et ce 1er mai 2007 n’échappe pas à cette règle … mais la règle pourrait aussi valoir en retour et les phrases du type « le calendrier de la démocratie politique ne peut pas être bafoué par le calendrier syndical » pour parler le 1er mai, du 1er mai 2007 ne sont pas très délicates. Le 1er mai, répondre à François Chérèque, secrétaire général de la CFDT, qu’il n’avait qu’à être candidat lui-même aux élections lorsque celui-ci s’interroge et l’interroge (à juste titre !) sur les lois sociales potentiellement planifiées pour juillet, n’est pas non plus le signe d’une grande maturité dans les techniques de négociation ! Idem pour les propos critiques de Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT : « M. Thibault, ça ne lui plait pas, mais je suis désolé, ce sont les Français qui décident. » … belle entrée en matière à la table des négociations ! Le besoin de réformes du pays ne fait plus débat. La méthode, le respect des différents interlocuteurs, la capacité à voir dans chacun une force de proposition et la capacité à pacifier un conflit ou diminuer les tensions dans le pays semble encore être sujet à de nombreuses discussions …
Les syndicats n’ont pas d’avis politique, juste des avis sur les politiques menées ou proposées. De par leur histoire, ils sont les défenseurs d’une retraite par répartition qui n’oublie personne ; les défenseurs d’un système de santé qui protège tout le monde, à un coût raisonnable ; les défenseurs d’un contrat de travail qui sécurise les salariés dans leur emploi et d’un code du travail qui fixe des règles justes pour encadrer le lien de subordination qui lie contractuellement un employé à son employeur. De par leur présence sur le terrain, ils connaissent le coût social pour les salariés qui perdent leur emploi, les difficultés quotidiennes que rencontrent les salariés face à la pression et face au stress de nos organisations modernes. Ils savent enfin que les entreprises se structurent de plus en plus habilement pour déjouer les lois sociales ou les prélèvements obligatoires et qu’en contrepartie, leurs plus hauts cadres sont copieusement remerciés pour ces petits accrocs à l’éthique collective, dans un monde où l’économie serait la seule règle.
Tout cela, les syndicats le savent et le vivent au quotidien … alors, s’ils n’ont pas d’avis politique, c’est par respect pour la règle sur la séparation des pouvoirs … et seulement pour cela.