Ce sont des cadres jeunes, diplômés, intelligents, dynamiques. Mais pas forcément disponibles. Lors des entretiens d'embauche, ils n'hésiteront pas à invoquer, horreur !, les 35 heures. En se moquant du qu'en-dira-t-on, ils sont capables de prendre leur veste à 18 heures pour ne pas arriver en retard à leur cours de flamenco. Ils maîtrisent parfaitement les nouveaux outils technologiques, savent les dompter, ne pas se laisser dominer par eux.
Ils arrivent prévenus sur le marché du travail. Ils ont déjà effectué des stages où ils ont été pressurés, exploités gratuitement, sans même l'aumône d'une poignée de main à la fin. Ils n'auront souvent que des CDD à rallonge, le temps de conduire un projet.
Ils ont vu le sort qui a été réservé à leurs aînés, à leurs parents parfois, éjectés sans ménagement parce que moins compétitifs. "Ils ne se font pas d'illusions sur ce qui les attend. Alors ils sont moins attachés à l'entreprise", estime Pierre Gojat, cadre à France Télécom. S'ils trouvent une meilleure place ailleurs, ils partiront sans états d'âme, du jour au lendemain. Ils ont une alerte Internet sur les sites d'offres d'emploi, sont prêts à sauter sur la moindre occasion, dire la moindre "opportunité".
"Les jeunes sont investis dans leur carrière, pas dans l'entreprise", constate Bernard Salengro, secrétaire national de la CFE-CGC. Ils conçoivent chaque expérience comme un tremplin, grimpent les échelons en sautant de l'une à l'autre. D'ailleurs, certaines sociétés ne se conçoivent que comme des pouponnières, prévenant d'emblée qu'il ne faut pas espérer construire quoi que ce soit de durable par ici. Selon un sondage réalisé par l'Association pour l'emploi des cadres (APEC), 40 % des cadres envisagent "de changer d'entreprise dans un avenir proche", essentiellement chez les jeunes qui ont moins de 35 ans. Les candidats au départ placent en tête des préoccupations l'intérêt du nouveau poste.
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