En raison des tensions sur le marché de l'emploi et du " détricotage " de la loi sur les 35 heures, la traditionnelle étude HayGroup table sur une augmentation de 3,1 % des salaires des cadres.
La réponse est tombée : en 2008, les employeurs devraient augmenter de 3,1 % leurs budgets destinés à l'amélioration des rémunérations, selon la traditionnelle enquête de référence HayGroup, réalisée en interrogeant les DRH de 440 entreprises employant 620.000 salariés. Elle permet aux entreprises de piloter leur politique salariale pour les mois à venir.
Ce chiffre est un peu meilleur que l'an passé. En 2006, le chiffre s'était établi à 3 %. Toutefois, cette relative bonne nouvelle ne doit pas être exagérée. " Sur ce total de 3,1 %, les entreprises réservent 0,5 % pour les promotions et autres changements de poste. Avec 1,5 % de hausse des prix en un an, mesurée en septembre 2007, l'augmentation de pouvoir d'achat se réduit à un petit 1 %. Ce qui est peu et représente un vrai plancher ", explique Audrey Carpentier, l'un des pilotes de l'étude HayGroup.
AU-DELA DES PREVISIONS
Mais les entreprises pourraient aller au-delà de ces prévisions. Déjà, fin 2007, HayGroup constate que 20 % des entreprises ont accordé des augmentations dépassant leurs prévisions établies fin 2006. " Les tensions salariales sont plus fortes en 2008 que les années précédentes et les "dérapages" par rapport aux prévisions devraient être plus importants ", remarque Audrey Carpentier. Les salaires devraient ainsi augmenter plus fortement que prévu en raison du « détricotage » annoncé de la loi sur les 35 heures et des tensions sur le marché de l'emploi cadre. Un coup de pouce salarial devrait compenser la disparition progressive des 35 heures. HayGroup montre que les salaires piquent du nez depuis leur arrivée pour commencer à progresser depuis seulement 2006.
Mieux, les secteurs où les aménagements des rythmes de travail ont été le plus importants accorderont des coups de pouce salariaux plus sérieux. Ainsi, l'industrie, où les augmentations prévues atteignent les 3,2 % contre un petit 3 % en 2007. Les secteurs traditionnellement généreux le restent. Ainsi, les pétroliers devraient augmenter leurs cadres de 3,5 %. À l'inverse, le secteur de la high-tech, où la loi sur les 35 heures n'a produit que peu d'effets en raison d'un pourcentage important de cadres au forfait parmi ses salariés, reste dans la moyenne de 3,1 %. Dans ce cadre, les augmentations seront parfaitement sélectives. Ainsi, l'an passé, selon HayGroup, 6 % des salariés n'en ont pas bénéficié. À l'inverse, 7 % ont vu leur salaire progresser de plus de 10 %.
COURSE AUX JEUNES DIPLOMES
L'augmentation des salaires prévue pour 2008 devrait aussi permettre aux entreprises de mieux se positionner sur un marché du travail très tendu. " Tous les secteurs recherchent les mêmes profils dans les mêmes bassins d'emploi en même temps ", souligne Audrey Carpentier. Les jeunes diplômés bénéficient de cette politique à plein. En 2007, ceux des écoles de rang A, les meilleures écoles d'ingénieurs et de commerce, ont été recrutés à un salaire d'embauche supérieur à 36.000 euros, en médiane, soit largement au-dessus des grilles fixées par les entreprises à 35.000 euros. C'est la première fois qu'une telle différence est constatée entre le prévisionnel et la réalité.
Certains profils recherchés par les entreprises reçoivent également une surcote. C'est le cas des cadres supérieurs des secteurs de la banque-assurance, du médicament, de la grande consommation et des services. Ils bénéficient de suraugmentations supérieures à celles obtenues par les cadres de ces mêmes secteurs. Et pour tous ces happy few s'ajoutent bonus et autres retraites d'entreprise...
P. JUNGHANS - La Tribune - 19/10/07
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