Grâce au congé parental, le nombre de « papas poules » croît en Allemagne
Près de 4 000 pères de famille ont profité, au premier trimestre, d'un congé parental. Il leur permet de s'occuper de leur progéniture à temps plein.
« Une fille à papa » : voilà ce que va devenir la petite Josephine, 3 mois, s'inquiète, un peu jalouse, sa maman, Mathilde Richter, une Française installée à Berlin. A son côté, dans un café bio où les bébés sont à leur aise, le papa s'apprête à donner le biberon. Martin Langendorf savoure les premières heures de son congé parental, qui permet aux pères comme aux mères depuis le 1er janvier en Allemagne de s'occuper à temps plein de leur progéniture pendant plus d'un an tout en percevant les deux tiers de leur salaire, à la charge de l'Etat. Les premières statistiques confirment le succès du projet, mis sur pied par une iconoclaste ministre de la famille issue des rangs conservateurs, alors même que les Allemands se remettent à faire plus d'enfants.
« C'est le meilleur service que je peux rendre à ma fille, mais c'est du boulot. Et pour moi, c'est une immense joie », affirme Martin, assistant parlementaire de 31 ans, « papa poule » à temps plein depuis le 1er août et pour huit mois. Mathilde recommencera à travailler début octobre, et le laissera donc chaque matin seul à la maison avec leur fille. « En tant que mère, j'ai déjà l'impression d'abandonner mon enfant quand je les laisse tous les deux », reconnaît-elle et complète : « La grand-mère de Martin trouve ça vraiment loufoque. »
D'inspiration scandinave, le principe de « l'argent parental », l' Elterngeld, introduit pour parer au manque de crèches, est simple : les parents peuvent bénéficier à eux deux de quatorze mois d'allocations calculées sur la base de leurs derniers salaires, avec un maximum de 1 800 euros mensuels. Chômeurs, étudiants ou travailleurs à temps partiel perçoivent une indemnité de 300 euros. Le père et la mère peuvent prendre leur congé ensemble, chacun leur tour, ou bien l'un des deux choisit d'en prendre la totalité. Reste à convaincre son employeur, même si légalement il ne peut pas s'y opposer.
Markus Höppner, qui travaille « soixante heures par semaine » dans un cabinet d'avocats de la capitale, a dû négocier dur son congé qui durera moins de deux mois. « La discussion avec mon chef a été assez chaude, se souvient-il. J'ai expliqué avoir donné un maximum à l'entreprise et que maintenant je voulais donner un minimum à ma famille. » L'homme, qui rentre rarement le soir avant que son fils de 3 ans se couche, vient d'avoir une petite fille. « J'ai senti qu'il fallait que je prenne une pause, et qu'avec le congé paternel, c'était mieux reconnu dans la société », ajoute-t-il.
Au premier trimestre, près de 4 000 pères ont fait comme Martin et Markus. Au premier semestre 2006, ils étaient deux fois moins à prendre un congé sans solde, comme la loi l'autorise toujours. Hasard du calendrier, le nombre des naissances outre-Rhin a légèrement augmenté au premier trimestre par rapport à 2006, avec 149 300 nouveaux-nés, pour la première fois depuis dix ans.
Pas assez pour enrayer le vieillissement de l'Allemagne, où une femme met au monde en moyenne 1,4 enfant, ce qui ne permet pas, et de loin, d'assurer le renouvellement des générations. Mais, peut-être, le signe d'un « inversement de tendance », estime Tusnelda Tivig, démographe à l'université de Rostock. Elle souligne que le gouvernement de grande coalition a mis en oeuvre de nombreuses mesures pour mieux concilier vie familiale et professionnelle. Très populaire, la ministre de la famille, Ursula von der Leyen, mère de sept enfants, a pour ce faire bousculé bien des certitudes au sein de l'Union chrétienne-démocrate.
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