Et pour nous à TUS, qu’est ce que cela risque de changer ?
Pas grand chose … dans les entreprises comme la notre, les directions sont naturellement peu favorables aux déclarations d’heures supplémentaires. Cela n’a pas bonne presse et en plus, cela coûte cher ! Il suffit de regarder derrière nous : les salariés font facilement plus que leur temps de travail contractuel (Cf. commission forfaits) et en même temps, le nombre d’heures supplémentaires déclarées est très faible ramené à la masse de travail globale. Par ailleurs et sauf individu particulier, le quota maximum d’heures supplémentaires n’est quasiment jamais atteint. Donc, pour les entreprises comme TUS, la loi actuelle n’était ni une limite, ni une contrainte.
Que risque d’amener de plus la nouvelle loi ?
Elle risque d’amener un assouplissement dans la façon de déclarer des heures supplémentaires, mais ce n’est pas aujourd’hui un problème à TUS, et elle risque d’amener un allègement financier sur les heures supplémentaires faites au-delà du temps de travail légal, qui sont aujourd’hui faibles en quantité, dans la réalité. Donc, à priori pas de risque à court terme.
Le risque se situe plutôt sur le moyen et le long terme. En « allégeant les charges sociales », on ne s’attaque pas à une problématique liée aux heures supplémentaires (puisqu’elles n’ont pas de réalité), on poursuit le discourt et l’action de déconstruction des dispositifs de solidarité et de sécurisation des personnes que sont, la prévoyance, la retraite ou même l’assurance chômage.
Historiquement, on parlait bien de « salaires indirects » et non de « charges sociales » ! ! La nuance sémantique explique d’elle-même la démarche intellectuelle : à la question « Accepteriez-vous un allègement des charges sociales ? », 80% des salariés répondront « oui » (et avec le sourire ;-). Mais si la question devient : « Accepteriez-vous une baisse de vos salaires indirects ? », il y a fort à parier que 80% diraient « non ». C’est pourtant la même question, mais nous sommes là au niveau des représentations et de la valeur des mots dans l’imaginaire collectif.
L’allègement des charges sociales sur les heures supplémentaires relève de la même supercherie. Si à court terme il n’y a pas de risque, à long terme, le risque est grand de voir ce qui est aujourd’hui du salaire de base se transformer en rémunération non chargée. Si l’opération est « bien faite », ce sera au départ du « gagnant-gagnant » entre salarié et employeur : chaque salarié verra son net augmenter un peu et les employeurs verront leur cote part baisser un peu. Sur le long terme et en intégrant ces évolutions années après années, ce sera le salarié qui sera le grand perdant de l’histoire …
N’oublions pas que toute la comptabilité sur les salaires s’accroche d’abord aux salaires bruts. C’est vrai, c’est celui que l’on ne voit pas sur son relevé de banque, mais c’est celui qui alimente tous les dispositifs de solidarité sur la santé, sur l’emploi et sur l’intergénérationnel.
Pour un salarié qui a aujourd’hui un emploi stable dans une entreprise, ne réfléchir que sur le salaire net, c’est sûrement une façon de se faire plaisir aujourd’hui, mais c’est aussi une façon de s’inscrire dans des lendemains qui déchantent.
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