Cher collègue,
Puisque vous nous interpellez sur le sens que nous mettons dans la notion de « défense des salariés », prenons quelques instants pour y réfléchir, plus posément que dans une lettre anonyme accusatrice [ici], distribuée à quelques centaines d'exemplaires sur le bureau de vos collègues à Sophia.
D’abord sur vos arguments qui semblent fonder votre accusation à notre encontre.
Nous ne nous satisfaisons pas que les deux autres organisations syndicales aient refusé de signer. Au contraire, nous le déplorons. Nous en parlons lors de cette campagne, parce que c’est justement le sens d’une campagne que de demander aux salariés d’arbitrer entre différentes orientations syndicales. Nous avons eu de sérieux désaccords qui auront pesé lourdement sur les salaires de certains salariés (presque un 13ème mois, quand même !), cela nous semble un minimum de le rappeler. Si les salariés sont contents de cela, ils ne voteront pas pour nous !
Vous nous faites un procès en démagogie sur la question de la PVSO. Vous êtes mal informé. Par exemple, il y a quelques années, TSA a mis en place une PVSO exactement comme nous le demandions. Personne n’a entendu dire que les salariés de TSA avaient vu leurs salaires diminuer après. Cette année, Thales Avionics a eu aussi ce que nous demandions pour les IIIA et IIIB, alors qu’ils sont à 207 jours/an, comme nous (et non 211 comme le reste du Groupe). Pourquoi ce qui se fait ailleurs ne seraient pas possible pour les Cadres de TUS ?
Concernant la baisse de l’intéressement et de la participation (P+I) telle que vous la craignez, vous avez raison sur un point : mettre plus dans les salaires fera baisser un peu le résultat de l’entreprise. Mais je vous rappelle que nous saturons tous les ans la formule plafonnée par le Groupe à 4%. Pas de crainte à avoir là-dessus. Le « manque à gagner » par plus de salaires aux salariés est loin de combler le manque à gagner réel par la limitation du P+I.
Aujourd’hui, les I/C positions II à TUS sont dans la moyenne des autres positions II du Groupe sur la partie fixe du salaire. Par contre, ils n’ont pas les 6 à 8% de rémunérations variables, comme les autres. Voilà un vrai manque à gagner réel. Au niveau Groupe, la CFE-CGC est en effet en phase avec les autres organisations, nous sommes contre les rémunérations variables et demandons leur réintégration dans le salaire fixe. Sauf qu’à TUS, tant qu’il n’y a pas de PVSO, la réintégration, c’est 0 € quand les autres unités réintégreraient entre 2500 € et 3000 € en moyenne pour les I/C positions II ! Alors oui à la réintégration, quand il y a quelque chose à réintégrer.
Où est l’intérêt des salariés ? La défense d’un principe contre une rémunération variable qui est déjà presque partout ailleurs dans le Groupe ou alors un plus à gagner pour les salariés qui ont moins que les autres aujourd’hui ? Parce qu’une fois les PVSO réintégrées dans le Groupe, si nous n'avons pas eu gain de cause, rattraper les 6% de retard à TUS pour les I/C positions II d’aujourd’hui, cela ne va pas être simple, surtout avec des écarts de budgets d’augmentations très faibles entre unités. Ces salariés risquent de trainer cette perte sèche de salaire pendant une bonne partie de leur carrière.
Et le Forfait jour, me direz-vous ? Et bien oui, la contrepartie à ces +6% est une demande de mise en place du Forfait jours pour cette catégorie de Cadre, par la Direction. Là aussi, nous ne sommes pas des farouches défenseurs du Forfait jours (la CFE-CGC a attaqué la loi Aubry là-dessus). Cela étant, personne ne va croire que la Direction va donner +6% comme cela, pour la beauté du geste (même si je vous l’accorde, cela aurait du panache !) La question n’est donc pas la contrepartie en elle-même, mais comment on gère la négociation pour satisfaire à la fois l’attente financière des salariés, celle de la Direction, tout en encadrant la contrepartie pour la rendre acceptable. C’est cela négocier.
C’est ce que nous avions fait en obtenant à la fois la possibilité du volontariat sur le Forfait jour et, puisque nous craignions que le volontariat soit un peu « poussé » par certains managers, nous avons demandé la possibilité pour chaque salariés à pouvoir revenir à son précédent forfait (réversibilité), comme cela s’était fait dans une autre unité. Cette façon de faire équilibre le pouvoir entre le manager et son N-1. Si le passage en Forfait jours se passe mal, le salarié peut demander à revenir comme avant, ce qui oblige son manager à réfléchir un peu. Cela répond aussi aux cas où il y a changement de manager, puis abus du nouveau. Enfin, si toute une équipe va mal, elle peut demander son retour au précédent forfait, en bloc, ce qui ferait désordre pour le manager concerné. Dans tous les cas, les +6% de PVSO auraient été acquis pour tous les I/C positions II, sans impacter les NAO des autres catégories.
Il y avait d'autres points intéressants que je ne cite pas et beaucoup de choses fausses ont été dites sur cet accord. Pour rappel, voici le mail du 3 avril dernier, que tout le monde a reçu de la Direction et résumant la dernière proposition qui était soumise à signature des organisations syndicales. Vous verrez que je n’invente rien.
Pour aller au bout du raisonnement, nous ne sommes pas vraiment inquiets sur le Forfait jour. L'entreprise et surtout le rapport des salariés vis-à-vis de leur temps de travail ne sont plus ce qu'ils étaient il y a 20 ans. Contrairement à ce que laissent à penser les discours syndicaux à TUS, aujourd’hui les salariés qui vivent le moins bien leur temps de travail ne sont pas les Forfaits jours. Sur la question du paiement des heures supplémentaires, ce n’est pas si simple pour les Forfaits horaires annuel. Beaucoup d’heures supp passent à la trappe, alors qu’ils ont un forfait plus contraint pour eux. Ce qu’amène le Forfait jours à TUS, c’est une plus grande liberté de part et d’autre. Nous pensons que l’attente d’une majorité de salariés, pour qui cela se passe bien dans leur service, va dans ce sens.
Quand des managers abusent, ce n’est souvent pas la question du temps de travail qui est en première ligne, mais une pression globale sur un ou plusieurs salariés (le temps de travail n'est alors qu'un des problèmes). Dans ces cas-là, c’est aux organisations syndicales de faire leur job et d’aller voir la Direction pour traiter le problème là où il est. C’est ce que nous faisons (tous syndicats confondus). Nous ne pensons pas qu’interdire l’accès au Forfait jours (et donc à +6% de PVSO) change quelque chose dans les services où ces abus existent déjà, et sont d’ailleurs souvent déjà bien connus.
Concernant la prime, jusqu'au bout nous l'avons demandé (voir notre dernier tract). Après, en effet, une négociation n'est pas un long fleuve tranquille et il faut toujours se poser les deux questions "jusqu'où va-t-on ?" et "jusqu'où entraine-t-on les salariés avec nous ?" Organiser un conflit pour une prime de 300 € ou 500 € alors que 2.8% sont déjà sur la table n'était pas la demande des salariés qui nous est remonté.
Voilà, nous comprenons tout à fait que certains collègues ne soient pas d’accord avec cette analyse. C’est justement pour cela qu’il y a des élections et c’est aux salariés de se positionner vis-à-vis de l’organisation qui représentera au mieux ses intérêts et sa façon de voir l’entreprise. Nous respectons ce mode de fonctionnement.
Sur la forme enfin, nous voulons bien croire que vous n’apparteniez à aucune organisation syndicale, mais nous avons peine à croire que vous citiez le nom du Président de notre syndicat, sans en avoir entendu parler par ailleurs … par un autre syndicat ! Sortir une lettre anonyme, à quelques jours d’une élection n’est pas une bonne façon de discuter, y compris en citant des mails privés qui reflètent plus nos échanges entre nous que nos positionnements face à la Direction. Si vous voulez œuvrer pour la question sociale à TUS, nous ne pouvons que vous y encourager. Choisissez votre organisation et allez-y. Mais faites cela dans les règles, cela vous donnera le droit de vous exprimer librement dans l’entreprise sans risque de sanction, vous pourrez vous former, acquérir des connaissances sur le sujet et cela clarifiera votre position. C’est aussi cela défendre l’intérêt des salariés !
Et puis, la prochaine fois que vous avez une question à nous poser, n'hésitez pas à venir en discuter ...
Cordialement.
Thierry Fayret
DSC CFE-CGC TUS
Clair et pragmatique. Comme j'aime la CFE-CGC. Merci à l'équipe CFE-CGC de TUS.
Rédigé par : SKINNER Laurence | mardi 11 mars 2014 à 09h49